L’Angleterre, le domaine Stourhead plus exactement, cela fait quelques semaines maintenant que je suis tombée d’affection pour ces lieux. La vie y est tellement plus sauvage, alors que le monde actuel tourne de plus en plus au désastre. Auparavant les humains se battaient contre eux même, maintenant ils se battent pour survivre, la vie est devenue un combat de tous les jours pour eux et autres race faible. Quelques années plus tôt mon seul souci était de fuir Alaric, aujourd’hui je fuie tout les peuples. Alors quand je trouve un havre de paix tel que celui-ci j’y passe le maximum de mon temps afin d’enregistrer dans ma mémoire chaque moment, chaque paysage, et les ressortir lors des coups durs.

Je me suis trouvée une place sur une branche costaud d’un chêne, à l’abri du soleil dans l’ombre, j’écoute le bruissement des feuilles au gré de la brise, le craquement que font les vieux arbres fatigués, le gazouillement des oiseaux bienheureux, et j’apprécie la lecture d’un vieux roman. Le parc a totalement été laissé à l’abandon, c’est ici que je me sens étrangement le mieux. Une nature primitive, abandonnée à elle-même, un lieu où l’homme n’a pas encore tout détruit. Ici, je me sens presque chez moi, mais je n’ai pas la naïveté d’y croire. Non, où que j’aille je ne serais jamais chez moi, c’est mon côté animale qui est sous le charme. Alors que j’apprécie simplement un instant de paix.

Je suis plongée dans l’histoire de ce bohémien refusant tout engagement sentimentale et la belle aristocrate folle amoureuse de lui, quand le chant des oiseaux cesse. Un doigt sur la page de mon livre je le referme et me redresse, une jambe de chaque côté de ma branche je guette les alentours, assurée qu’un intrus s’approche trop de mon territoire.

J’étais pourtant si bien partie pour une journée de détente loin de la ville et chose rare j’avais même prévu une petite chasse une fois la nuit tombé. Ce n’était pas la chasse qui était rare, c’était la prévision. J’étais toujours prête à m’enfuir sans demander mon reste dès que les choses se corser trop à mon gout. Pourquoi faut-il toujours que quelque chose me complique la vie ? Je m’intime au calme, pour l’instant il n’est pas dit que je sois face à un problème. C’est peut-être juste un animal sauvage qui a décidé de faire un tour par ici.

Si seulement…Quand je le repère, son regard est déjà rivé sur moi, il m’a repéré bien avant moi et il ne s’agit pas d’un simple animal comme je l’avais tant espérer. Une carrure digne d’une armoire ancienne, une tenue de sport, le corps luisant de sueur, et beau comme Apollon. *Il s’est trop éloigné de son temple* Je ne le reconnais pas immédiatement, il faut dire qu’avec un physique pareil il est aisé d’être distraite, même pour moi. Mais puisque je suis immunisée contre toute sorte d’hormone, tel que le désir, je réalise bien vite mon erreur. Quand c’est le cas je montre les dents.

« Vous me suivez ? » Ma voix n’a rien de sympathique, c’est à peine si c’est une interrogation alors que je me persuade déjà qu’il m’a suivis depuis toute ces semaines pour mieux me piéger. Ou me tuer comme les autres par amusement. Les loups garous aiment la chasse, pas seulement trouver sa proie et la tuer, non ils préfèrent la poursuivre par plaisir et distraction et être satisfait de leur bon boulot. Pour moi il est clair qu’il ait venus à mon aide pour cette raison, et non pas par bonté d’âme. Et il voudrait en plus que je le remercie ? C’est beau de rêver. Sur ma branche, 4 mètres environ au-dessus du sol, je me relève. J’y suis monté facilement, j’en redescendrais aussi aisément, mais avec ce loup-garou présent c’est ici que je m’y sens le plus en sécurité pour l'instant.

Pourquoi est-ce qu’il sourit ? Quelque chose d’amusant m’aurait échappé ? Ou bien alors il se moque bien de moi, ce qui m’énerve profondément. Ces loups garous ont toujours ce petit air condescendant, ils se croient supérieur au même titre que les vampires, j’ai bien envie de faire disparaitre ce sourire de cette belle gueule. « Pourquoi est-ce que je vous suivrais ? Vous croyez être la seule à venir ici ? » J’aurais bien une ou deux bonnes raisons à ce qu’il me poursuive, par contre j’ai effectivement bien crue être la seule à venir en ces lieux. Ca fait plusieurs jours que je viens m’évader dans ces jardins, et je n’y ai pas vue âme qui vive hormis les animaux sauvages. J’ai crue naïvement que je pouvais enfin avoir la paix pour quelque temps encore, une belle erreur.

En tout cas il semble beaucoup s’amuser de la situation. Plusieurs noms d’oiseau me trotte dans la tête, mais loin de moi l’idée de les prononcer à hautes voix et m’attirer plus encore d’ennemi, s’il n’en fait pas déjà partit. Ce dont je suis persuadé puisqu’il se retrouve dans le même parc que moi, ce ne peut être une coïncidence. « Bien, vous pouvez donc passez votre chemin. » Je surveille le moindre de ses mouvements, prête à bondir à n’importe quel moment. La part prédatrice en moi meurt d’envie d’attaquer, de combattre pour la possession de ce territoire que je souhaite plus que tout garder pour moi. L’autre n’attend que ce qu’il s’en aille, ou dans le cas contraire à m’enfuir.

J’ai rien d’une pro au combat, qu’il attaque ou que je le fasse je suis parfaitement consciente de n’avoir aucune chance, mais mon côté prédateur n’est pas logique et veux mettre ses capacités à l’épreuve. Par contre, je suis une pro de l’évasion, et si depuis 10ans je suis parvenue à rester caché de mon meilleur ennemi, je peux parfaitement disparaitre de la ligne de mire de n’importe qui. Y compris de ce loup-garou. C’est un combat intérieur que je mène tandis que j’attends sa réaction.