«Je ne dois pas m’arrêter, je ne peux pas m’arrêter... Aller Nessa, cours.» La jeune femme courrait à toute vitesse dans une rue extrêmement étroite. De hautes et vieilles batistes l’entouraient, disparaissant dans la noirceur du ciel. À plusieurs mètres devant elle courait un jeune homme encapuchonné. Tout en ralentissant légèrement il jeta un bref regard derrière lui.

- Vite Nessa ! Plus vite, cours plus vite ! En attendant ces mots la jeune femme secoua la tête en ralentissant. Elle s’inclina vers l’avant appuyant ses mains contre ses cuisses.

- Je....n’en...peu plus.... Haleta-t-elle tout en posant son regard sur le sol légèrement enneigé. L’homme rebroussa chemin, parcourant la distance qui les séparait en quelques secondes.

- Tu n’as pas le choix... Se contenta-t-il de répondre en lui prenant la main. Son regard s’attarda quelques secondes derrière eux. Des bruits de pas retentissaient, ils arrivaient et rapidement.

- Ils sont beaucoup plus près que je ne le pensais ! Puis sur ces mots il reparti tenant toujours la main de Nessa. La jeune femme lâcha celle du jeune homme.

- Non…..part je….je te rejoint…. Souffla-t-elle. Faisant la sourde oreille il lui reprit la main et se remit à courir à toute vitesse serrant de toutes ces forces la main de la jeune femme. Nessa recommença à courir sentant le froid lui mordre le visage et lui engourdir les jambes.

- C’était une très mauvaise idée Télèm ! Un long hurlement se fit entendre. La jeune femme sursauta.

- Je sais ! Je ne sais pas comment ils ont su, mais ils savaient qu’on viendrait ! Ils connaissaient tout de notre plan… Ils savaient qu’ont tenteraient de les libérer ce soir. Tout en lui répondant l’homme bifurqua vers sa gauche.

- Non, non, non ! On devait aller à droite ! Nessa regarda derrière elle, le chemin qu’ils étaient censés prendre. Plus le nombre de pas augmentait, plus il rapetissait.

- Je sais Nessa ! Je sais ! Mais on n’a pas le choix ! Il tourna à nouveau, mais cette fois si vers la droite. Ils doivent déjà y être, c’est trop tard.

- Mais on doit y retourner, Mariam nous y attend ! Dans un mouvement la jeune femme se dégagea de la grande main de l’homme rebroussant chemin.

- Nessa ! Arrête ! Télèm se dirigea à toute vitesse vers elle. C’est trop tard pour elle !

La jeune femme courrait dans la direction opposée, se poussant à la limite du supportable. Elle ne pouvait pas l’abandonner. Mais elle stoppa assez rapidement. Devant elle un homme venait d’apparaître, aussitôt quatre formes suivirent comme sorti de l’ombre, deux hommes et deux loups. Un vent glacial s’engouffrait dans les cheveux chocolat de Nessa. Les bêtes s’avancèrent lentement vers la jeune femme, des grognements sourds s’échappaient d’elles. Le regard de Nessa allait et venait sur les énormes loups, l’un au pelage sombre l’autre roux.

- Assez ! Je les veux en vie. Sur ces mots la jeune femme posa un regard menaçant sur l’homme.

- J’aime encore mieux mourir que d’être une seule seconde à vous ! Le ton de sa voix était rempli de poison.

- Et je n’ai absolument rien à foutre de ce que tu aimerais. Il s’amusait.

À cet instant Télèm arriva et s’interposa entre la jeune femme et les cinq nouveaux venus. Il n’avait plus de chandail et détachait maintenant son pantalon. Télèm tourna légèrement la tête vers la jeune femme ne quittant aucunement le chef des yeux.

- Va-t’en, court. Puis en une fraction de seconde le jeune homme se transforma en ours brun, un énorme ours kodiak. Se mêlant au vent, des flocons de neige se mirent à tomber. Le loup sombre hurla avec force, puis les deux bête commencèrent à avancées doucement vers Télèm. Nessa enleva sa veste et se dirigea vers l’ours. Elle n’allait certainement pas le laisser les affronter seul. Rendu tout près l’ours se retourna et la poussa puissamment, de son immense patte. La jeune femme recula de plusieurs pas avant de tomber sur le sol couvert d’une mince couche de neiges trempées. Il ne la laisserait pas se battre.

- Télèm ! Nessa se releva, elle était furieuse, il pouvait parfois être si stupide avec son héroïsme mal placé. Le magnifique kodiak tourna la tête vers elle et gronda violemment. Encore une fois il la sommait de partir. Instantanément les deux loups se jetèrent sur lui, ils n’attendaient que ce petit moment de distraction. Le loup au pelage roux sauta sur la gigantesque bête qui le repoussa d’un violant coup de patte. Puis l’autre se jeta au cou de Télèm. L’ours grogna, secouant la tête pour se libérer des crocs acérés qui s’enfonçaient dans sa peau. Sans attendre elle se mit à courir vers son ami. Le thérianthrope se laissa tomber sur le loup qui s’agrippait férocement à son cou. Sous l’énorme ours kodiak la bête se mit à gémir. La jeune femme n’était plus qu’à quelques pas de son ami, lorsque quelqu’un la saisit par derrière. Un bras sous la gorge, l’autre autour de son ventre. Nessa se débattit, mais l’homme resserra sa prise.

- Tout doux ma jolie, regarde le spectacle. L’homme avait chuchoté à l’oreille de la jeune femme qui continuait de se débattre férocement. Il resserra l’étreinte autour du cou de Nessa.

- Si tu te calme, je me calme… La jeune femme lutta ne se souciant aucunement des paroles, tentant seulement de se défaire de la prison que l’homme avait érigée avec ses bras. Plus elle se débattait plus l’homme l’étouffait. Doucement sa vision se troubla, il n’y avait plus aucun air qui ne parvenait à ses poumons. Sa vision continuait de faiblir, elle allait s’évanouir. Résigné elle cessa de se battre, il avait gagné. Aussitôt l’homme reprit sa position initial, il la tenait toujours au niveau de la gorge, mais avait cessé de l’étrangler. Lorsque la vue revint totalement à la jeune femme elle put enfin apercevoir son ami qui était toujours au prise avec les loups. Mais maintenant une femme nue gisait inerte sur le sol, tandis que l’autre bête au pelage sombre se tenait seulement sur trois pattes à plus d’un mètre de Télèm.

- Le thérianthrope ! Le chef qui tenait toujours aussi fermement Nessa siffla. L’énorme ours brun ignora l’homme, les yeux toujours rivés sur le loup.

- Si c’est ce que tu veux je lui broie le cou immédiatement. Puis il se mit à serrer puissamment le cou de la jeune femme qui se mit à crier de douleur. Aussitôt Télèm se retourna faisant face au chef. L’homme desserra sont emprise, la jeune femme cessa d’étouffer. Le kodiak se mit à avancer vers la jeune femme.

- Tu restes où tu es ou bien je lui brise le cou. Télèm s’immobilisa, grognant férocement contre l’homme.

- Tu sembles vouloir que cette misérable créature reste en vie si je ne me trompe ? Sur ces mots le chef commença à caresser doucement la joue de Nessa de sa main qui auparavant immobilisait son corps. L’ours grogna. C’est bien ce que je pensais… C’est simple, si tu acceptes d’être à moi, elle vie. Si tu résistes, et bien… Sur ces mots l’homme se remit à serrer le cou de la jeune femme qui se recommença aussitôt à crier de douleur. Télèm se mit à grogner. Quoi, c’est un non ? Continuant de serrer de plus en plus fort Nessa continuait de se débattre sous l’incroyable force de l’homme. En un clignement d’oeil l’ours était redevenu homme.

- Arrête ! J’accepte ! Télèm se tenait debout les poings serrés, la rage aux yeux.

- Tu acceptes quoi ? Le chef souriait, et fixait l’homme. Il n’avait toujours pas relâché la jeune femme qui commençait dangereusement à faiblir.

- J’accepte d’être à toi !! Une légère panique c’était glissé dans la voix du thérianthrope qui fixait son amie avec inquiétude.

- Tu en es sûr ? Tu ne vas pas refaire le truc du gros méchant ours ?

- Oui, j’en suis sûr !! Télèm tremblait de tout son corps, voir son amie dans cette situation et ne rien pouvoir faire pour elle était un vrai calvaire.

- Bien. Il lâcha la jeune femme qui s’écroula sur le sol. Toussant et respirant bruyamment la jeune femme tenta de se relever. Télèm fit un pas en sa direction.

- Non. Tu restes là. L’ami de la jeune femme s’immobilisa dévisageant le chef d’un air féroce. Et vous trois occupez-vous de lui ! Le loup toujours conscient et les deux autres hommes se dirigèrent vers le thérianthrope. Donnez-lui ces vêtements ! La dernière chose que j’ai besoin c’est qu’il soit malade. Un des hommes arriva près de Télèm et lui tendit ces vêtements. Il les enfila ne quittant pas du regard son amie qui venait de réussir à se remettre sur pied avec l’aide du chef. Nessa le regardait, le bras de l’homme l’entourait juste sous les seins, il connaissait se regard. Elle allait tenter quelque chose. Il secoua légèrement la tête pour l’en dissuader. Presque aussitôt la jeune femme qui se trouvait dos au chef le frappa violemment au visage à l’aide son coude, suivi de l’estomac. L’homme la relâcha elle se retourna puis lui envoya son genou dans l’entre-jambe. Le chef tomba sur le sol et rapidement une grande main empoigna la sienne, c’était Télem. Ils se mirent à courir, les hommes criaient derrière eux.

Ils tournèrent dans une petite ruelle, puis Télèm l’emmena à toute vitesse dans un immeuble désaffectée. Des cris se faisaient toujours entendre. L’homme l’entraina devant un ascenseur, puis il força les portes et si faufila avec elle.

- Télèm, cet ascenseur ne fonctionne pas… Qu’est-ce que tu…

- Chhhhhut. L’homme déposa une main sur la bouche de son ami. Il l’attira contre lui et déposa un baisé sur sa tête. Je suis vraiment désolé Nessa, ne m’en veut pas. Sur ces mots la jeune femme fronça les sourcils pour recula pour le regarder. Télèm donna un coup de poing à la jeune femme qui perdit connaissance. Le thérianthrope la rattrapa puis la déposa doucement sur le sol. Il lui enleva son manteau et sans attendre sorti de l’ascenseur la refermant derrière lui.

- Vite Nessa avance ! Le jeune homme montait les marches en courant le manteau de la jeune femme toujours entre les mains. Il attendait des pas qui n’allaient pas tarder à le rattraper. Enfin il arriva sur le toit, il s’approcha du bord et jeta le manteau à ses pieds.

- Vole Nessa ! L’homme cria ces paroles le regard levé vers le ciel. Au même instant le chef suivi des hommes arrivèrent.

- Attrapez-le ! Les yeux de l’homme se posèrent sur le manteau au pied de Télèm et ensuite dans le ciel. Tu vois, elle n’a pas hésité à t’abandonner… Tu me fais pitié. Les hommes s’approchèrent du thérianthrope qui se laissa attraper sans lutter.

- On rentre !